Démarche Artistique
Louise Fritsch nous parle d'absolu, de finitude, de force et de fragilité. Ses chorégraphies picturales évoluent sur des fonds apparemment statiques, comme suspendues aux cordes invisibles que sont les lignes de composition du tableau. Une main essaie de percer la noirceur du ciel, une autre de s’y accrocher.
« Dessiner c’est comme monter dans les nuages, chaque trait est une ascension vers l'infini. C’est comme dessiner la flèche d’une cathédrale… »
« Fragiles nous naissons et nous mourrons. Avoir peur de nos faiblesses, c’est craindre de se perdre, de rester dans le vide. Vivre avec nos vulnérabilités renvoie à nous-même. Cesser de les voir comme des handicaps permets créer des points d'appui, d’affiner nos sens, de nourrir d'autres possibles, de renforcer notre imaginaire. »
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Bio
Louise Fritsch est surtout connue pour ses peintures chorégraphiques laissant émerger ses univers intérieurs .
Elle grandit en Alsace, dans une petite ville d’industries textiles en déclin. Au cœur de la maison familiale se trouve le cabinet médical de son père. Juste à côté, elle dessine ou fait ses devoirs après l’école. À travers la porte coulissante, elle perçoit les souffrances des corps et les murmures des esprits des malades. Plus tard, elle comprendra pourquoi elle dessine parfois des portes dans des ambiances sombres, avec des bouches qui crient prisonnières des ouvertures, ou des visages qui font peur. (On y reconnaît aussi l’influence de la bande dessinée, notamment celle de Philippe Druillet.)
Sa grande timidité et sa dyslexie lui rendent la vie difficile. Elle trouve refuge dans les livres d’images, les ouvrages d’art et d’anatomie. Dans la maison, elle s’est créé un petit laboratoire : un lieu pour inventer, expérimenter et donner forme à ce qu’elle apprend en classe. Les membres de sa famille et ses amis lui servent de modèles, incarnant les personnages de ses histoires imaginaires.
À dix ans, elle découvre l’œuvre de Mathias Grünewald. À treize ans, elle visite trente musées et soixante-dix églises en Italie, dont la Chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange. Elle prend alors conscience de la puissance que peut déclencher l’effet visuel d’une peinture — et combien cette force peut parfois dépasser celle des mots, de la musique ou de la danse.
Depuis l’obtention de son diplôme en 1988 à l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg, elle se consacre entièrement à la peinture. Elle est profondément marquée par l’enseignement de son professeur, Frank Wohlfahrt, dont l’œuvre s’enracine dans une réflexion sur la condition humaine : la fragilité de l’existence, la peur du vide, la beauté des failles. Louise Fritsch inscrit sa démarche dans cette filiation où la lumière, la chair et le mouvement dialoguent avec le sacré et l’humain.
« Qu’est-ce qui nous tient ? Peut-on comparer notre humanité à la clé de voûte d’un édifice ? Cette clé façonnée dans une pierre plus belle que les autres ? Chaque pierre soutient l’autre. Si la clé saute, c’est tout l’édifice qui s’écroule. »
Le tableau “Au-delà des songes” représente un personnage endormi qui rêve ; son reflet apparaît en apesanteur. Le père de Louise Fritsch décède à l’aube de la nuit où ce tableau vient tout juste d’être achevé.
C’est dans la vulnérabilité de ses personnages qu’elle place toute la force de ses compositions.
« Ta vulnérabilité, c’est ton point de rupture. Ce ne sont pas tes faiblesses qui posent problème, mais ce que tu choisis d’en faire. La violence pourrait être une réponse légitime… pourtant, tu la condamnes. Parce que tu sais que la vraie force n’écrase pas : elle éclaire ! Elle t’oblige à inventer une autre manière d’exister. Et là, quelque chose bascule. Ta peur se tait. Ta colère s’éteint. Ce qui te blessait ne t’atteint plus. Tu n’as plus besoin de te battre. Tu comprends que tu tiens ! »
Histoire d’artiste
Lors de ma reconversion en peinture aux Arts-déco, je ne trouve toujours pas ce que je cherche, comment exprimer des émotions, les poser sur la toile ? J'essaie plusieurs formes d'expressions, abstrait, brut, etc., mais ça ne me convient pas du tout. C'est encore flou dans ma tête, je cherche quelque chose de plus profond et plus fort. Chaque mercredi, il y a une épreuve d'évaluation orale, chaque élève passe devant un jury pour expliquer sa progression. Moi je n'en sais rien, quelle progression ? Quelle démarche ? Je n'en ai aucune idée encore ! Le chef d'atelier Franck Wolhfarht réussi à trouver des subventions et nous organise un voyage chaque année avec les élèves : à Paris, à Dieu-Le-Fit, son frère Michel y a son atelier de sculpture, puis à Cargèse en Corse. On y peint les paysages, on se balade, on fait des veillées le soir. Ce ne sera qu'après un voyage en Afrique et après mon diplôme de peinture que je trouverai la voie qui me correspondra et dans la durée. Accéder à l’histoire complète…